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Que fait le gouvernement de la R?gion de Bruxelles pour les 13.384 demandeurs d'emploi faciles ? placer, soit 14,30% des demandeurs d'emploi inoccup?s ?

{{{ {{Préalable}} }}} Mi-décembre 2007, trois questions pour les 78 fonctions critiques (1) ont été déposées. L’objectif était d’établir le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés chez Actiris qui ont le profil des fonctions critiques, la durée de la période de chômage de ces demandeurs d’emploi et la manière dont Actiris a traité la recherche d’emploi de ces demandeurs d’emploi durant l’année 2007. Il est à noter que ces questions constituent un complément de l’étude « {Analyse des fonctions critiques en Région de Bruxelles de l’Observatoire bruxellois du Marché du travail et des Qualifications} » mise sur le site d’Actiris (2) , étude dans lequel il ressort que {la demande de main-d’œuvre a augmenté et, malgré un taux de chômage élevé, une partie des offres d’emploi n’est pour autant pas satisfaite} (3). {{{ {{Constats}} }}} {{Fonction critique}} Une fonction critique est une activité professionnelle pour laquelle les employeurs éprouvent des difficultés à trouver des candidats qui répondent à leur demande (4). Dans le cadre des études annuelles publiées par Actiris les fonctions critiques sont chaque année étudiées. {{Paradoxe et logique simple}} Avec une Région bruxelloise confrontée au paradoxe d’avoir plus de 20 % de chômeurs et d’être une région pourvoyeuse de bien plus d’emplois que le nombre total des travailleurs de la région, la logique la plus élémentaire est de veiller à ce que les demandeurs d’emploi ayant un profil demandé puissent trouver du travail. Cette logique s’inscrit dans l’esprit de répondre aux situations les plus simples avant d’affronter les situations plus complexes des demandeurs d’emploi sous-qualifiés. {{Lenteur de réponse aux questions posées}} Aux trois questions posées pour les 78 fonctions critiques, le Ministre de l’Emploi a mis plus de trois mois pour y répondre. De surcroit, il s’est plaint des heures de travail nécessaires pour récolter l’information demandée. On ne peut qu’être surpris de cette lenteur et de cette réaction. D’une part, les questions sont élémentaires et un système informatique bien conçu devrait répondre aux questions statistiques en un temps extrêmement bref. Seule la troisième question aurait pu effectivement prendre plus de temps. Si cette lenteur de réponse et le temps de travail nécessaire sont réels, c’est inquiétant quant à l’outillage d’Actiris. Cela ne peut que susciter un doute sur un suivi actif des recherches d’emploi des demandeurs d’emploi. Si tel n’est pas le cas, il s’agit d’un acte politique délibéré qui suscite des questions reprises ci-après. {{Réponses aux questions posées}} A la lecture des réponses, un tableau statistique intéressant repris ci-après se dégage concernant le nombre de demandeurs d’emploi et leur durée de chômage. Quant au traitement de la recherche d’emploi, force est de constater que le Ministre n’apporte aucune réponse. Il se limite à reprendre le contenu de l’étude. Comme il s’agit pratiquement toujours de la même réponse apportée pour les 78 fonctions critiques, nous ne pouvons qu’être plus interrogatifs encore face à la lenteur de réponse et de la durée nécessaire pour obtenir l’information. Force est donc de devoir plus encore se poser la question d’un acte délibéré. De plus, notons que les réponses au sujet des mesures prises en 2007 en vue de remettre au travail les demandeurs d’emploi enregistrés comme professionnels d’un métier d’une fonction critique s’inscrit plus dans une logique économique de satisfaire la demande des employeurs que celle d’encadrer les recherches d’emploi. {{Analyse des résultats statistiques}} Le tableau repris ci-dessous montre que fin décembre 2006, 13.384 demandeurs d’emploi indemnisés sont répertoriés chez Actiris comme ayant des compétences professionnelles correspondant à une des fonctions critiques. A priori il s’agit de 13.384 personnes susceptibles d’être aisément remises au travail dans un délai rapide. Quand on décortique les résultats, on constate que 3.111 personnes sont demandeurs d’emploi inoccupés de moins de 6 mois, 2.134 de 6 mois à 1 an, 2.684 de 1 an à 2 ans et 5.462 de plus de 2 ans. Total DEI* : 13.384 soit les 100% De 0 à 6 mois : 3.111 soit 23% De 6 à 12 mois : 2.134 soit 16% De 1 à 2 ans : 2.684 soit 20% Plus de 2 ans : 5.462 soit 41% * demandeurs d’emploi inoccupés Nous pouvons estimer que le premier groupe représentant 23,24 % du total de cette population de demandeurs d’emploi, est dans une situation de sans emploi de manière conjoncturelle. Nous pouvons donc ne pas tenir compte de ce groupe dans la suite de notre raisonnement et se limiter aux 10.773 demandeurs d’emploi de plus de 6 mois. Total Demandeur d'emploi indemnisé par métier (5) et par durée de chômage (total, de 0 à 6 mois, de 6 à 12 mois, de 1 à 2 ans, de plus de 2 ans): «{cadres}» Total : 1.936, de 0 à 6 mois : 604 de 6 à 12 mois : 352 de 1 à 2 ans : 359 de plus de 2 ans : 621 «{enseignants}» Total : 5, de 0 à 6 mois : 2 de 6 à 12 mois : 1 de 1 à 2 ans : 1 de plus de 2 ans : 1 «{santé}» Total : 80, de 0 à 6 mois : 37 de 6 à 12 mois : 12 de 1 à 2 ans : 19 de plus de 2 ans : 12 «{administratifs}» Total : 1.308, de 0 à 6 mois : 317 de 6 à 12 mois : 203 de 1 à 2 ans : 272 de plus de 2 ans 516 «{commerciaux}» Total : 1.557, de 0 à 6 mois : 269 de 6 à 12 mois : 231 de 1 à 2 ans : 354 de plus de 2 ans : 703 «{informatiques}» Total : 612, de 0 à 6 mois : 143 de 6 à 12 mois : 89 de 1 à 2 ans : 100 de plus de 2 ans : 280 «{techniques}» Total : 1.317, de 0 à 6 mois : 295 de 6 à 12 mois : 183 de 1 à 2 ans : 251 de plus de 2 ans : 588 «{construction}» Total : 617, de 0 à 6 mois : 120 de 6 à 12 mois : 99 de 1 à 2 ans : 108 de plus de 2 ans : 290 «{transport-logistique}» Total : 748, de 0 à 6 mois : 145 de 6 à 12 mois :145 de 1 à 2 ans : 166 de plus de 2 ans : 292 «{horeca}» Total : 3.949, de 0 à 6 mois : 849, de 6 à 12 mois : 624 de 1 à 2 ans : 818 de plus de 2 ans : 1.658 «{artisan}» Total : 694, de 0 à 6 mois : 216 de 6 à 12 mois : 114 de 1 à 2 ans : 134 de plus de 2 ans 2930 Ces résultats sont très interpellants. Certes, d’après l’étude, «{ si certains freins au recrutement s’expliquent par une pénurie de candidats aux postes vacants, d’autres éléments peuvent intervenir tels que les écarts de qualification ou d’expérience entre les exigences de l’employeur et le profil des chercheurs d’emploi. En outre, les conditions de travail peuvent être d’une telle nature que les demandeurs d’emploi préfèrent un autre métier ou secteur} » (6) . Le résultat des statistiques et le propos de l’étude suscitent chez un bon gestionnaire plusieurs questions et commentaires : 1. 40,08 %, soit 5.462 demandeurs d’emploi indemnisés, le sont depuis plus de 2 ans. C’est énorme ! - Soit les personnes reprises chez Actiris n’ont pas les compétences professionnelles requises pour les fonctions critiques. Ceci n’est pas acceptable et constitue une faute. Effectivement, ces personnes sont dès lors mal classées dans les données d’Actiris. Ce classement constitue un leurre pour les demandeurs d’emploi. De plus, Actiris va envoyer ces demandeurs d’emploi chez des employeurs qui vont perdre leur temps et de surcroît faire subir un nouvel échec au demandeur d’emploi. La mission d’Actiris étant d’aider les recherches d’emploi, nous ne pouvons donc que constater dans cette situation une réelle défaillance. - Soit les personnes n’ont une compétence professionnelle qui ne répond que partiellement au métier de la fonction critique. Cette situation devrait être détectée en vu de réaliser une mise à niveau assurant la remise au travail. Ce travail est celui de l’encadrement d’une recherche d’emploi. A nouveau, les statistiques montrent que la mission d’Actiris ne semble pas être assumée. - Soit ces personnes ont les compétences professionnelles et dès lors elles ne souhaitent manifestement pas travailler. Ceci constitue un autre problème que le pouvoir public ne peut ignorer et pour lequel il doit réagir. Probablement que la réalité est un mixte des trois situations. Les réponses du Ministre de l’emploi ne permettent pas d’apprécier correctement la situation. D’autres facteurs peuvent également être la cause du maintien du demandeur d’emploi au chômage tel que la santé de la personne, entre autre sa santé mentale. Une question fondamentale se pose : y a-t-il une vérification par Actiris des aptitudes et compétences professionnelles (diplôme, expériences acquises) ? 2. De manière plus précise et extrayant l'HORECA dans le tableau ci-dessous Total des demandeurs d'emploi indemnisé : 3.949 Demandeurs d'emploi indemnisé de 0 à 6 mois : 849 Demandeurs d'emploi indemnisé de 6 à 12 mois : 624 Demandeurs d'emploi indemnisé de 1 à 2 ans : 818 Demandeurs d'emploi indemnisé de plus de 2 ans : 1.658 Des fonctions telles que « serveur de restaurant, café, taverne, garçon de salle, barman, commis de cuisine… » ne nécessitent pas de grande formation. Or ce sont des fonctions critiques. En même temps on compte 3.373 demandeurs d’emploi ayant ce profil dont 2.686 sont demandeurs d’emploi indemnisés depuis plus de 6 mois. A la lecture de ces données, on peut se poser les questions suivantes : - Comment comprendre que ces métiers soient des fonctions critiques avec autant de chômeurs ayant le profil ? - Comment Actiris n’a pas réussi à reclasser les 2.686 demandeurs d’emploi indemnisés de plus de 6 mois ayant ce profil ? - Certes, l’étude note la pénibilité du travail (horaire, condition défavorable du travail dans l’horeca, faiblesse des salaires,…). Mais les travailleurs de ce type d’activité le savent. A titre illustratif et en vu de mettre en évidence le surréalisme de cette situation, nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas dans un contexte du type où un infirmier ne souhaiterait exercer sa profession qu’à condition de ne pas avoir à s’occuper de malade ? 3. Un ensemble de dispositions a été pris par l’Etat fédéral pour encadrer les recherches d’emploi, en particulier le contrat de projet professionnel. Il est surprenant que le Ministre de l’Emploi ne fasse nullement allusion à ces dispositifs dans le cadre de ses réponses. Il aurait été logique que ce type de contrat de projet professionnel soit proposé à l’ensemble de cette population en vue de satisfaire à la fois ces demandeurs d’emploi et les entreprises en recherche de ce type de profils. Y a-t-il eu en 2007 des contacts pris en priorité avec ce public en vue d’encadrer ces recherches d’emploi à priori susceptible d’être aisément satisfaites? Pas de réponse du Ministre (7) ! 4. Le Ministre fut lent pour répondre et veilla à faire un commentaire surprenant sur le travail parlementaire oubliant ainsi la séparation élémentaire des pouvoirs qu’instaure un état démocratique (pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire). Dès lors, la question est de savoir si cette attitude ne fût inspirée par une volonté de camoufler un manque d’efficacité évident dans la politique de remise à l’emploi. En tout cas, cette attitude présente un danger pour la démocratie. Il est effectivement malsain qu’un exécutif tente de contrôler un législatif, raison pour laquelle il faut dénoncer sans ambiguïté cette attitude. 5. Suivant les chiffres de 2006, sur les 93.656 demandeurs d’emploi inoccupés de la Région bruxelloise, 13.384 correspondent à des fonctions critiques, soit 14,30%. Comme Actiris déclare 94.677 demandeurs d’emploi inoccupés inscrits en décembre 2007, en appliquant le même pourcentage, nous pouvons estimer à 13.537 le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés correspondant à une fonction critique à cette même période. {{{ {{Conclusion}} }}} Cette brève étude sur base des informations récoltées malgré le sarcasme du Ministre de l’Emploi montre une faiblesse évidente du suivi des recherches d’emploi des demandeurs d’emploi indemnisés. Effectivement il serait logique de ne retrouver qu’un chômage conjoncturel pour ces fonctions, ce qui n’est manifestement pas le cas. Le bienfait du travail parlementaire est de pouvoir utiliser adéquatement le pouvoir de tribune en vue de faire pression sur un gouvernement pour qu’il agisse. Ici l’évidence se dégage : le gouvernement bruxellois doit agir pour que les populations aisément intégrables dans le circuit économique le soient. Le travail ainsi accompli aurait dû se faire spontanément par le Ministre de l’emploi. Il est étonnant qu’il ne l’ai fait accomplir qu’à la suite des questions parlementaires. {{Notes de bas de page}} (1) Questions écrites posées le 18 décembre 2007 par Serge de Patoul, député MR-FDF Dans l’étude publiée par Actiris concernant les fonctions critiques 2006, il ressort que « un métier lié à une fonction critique » est repris dans la liste des fonctions critiques en Région bruxelloise. Le Ministre peut-il préciser le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés comme « un métier lié à une fonction critique » ? Le Ministre peut-il préciser la durée de non activité des demandeurs d’emploi enregistrés comme « un métier lié à une fonction critique » ? Le Ministre peut-il préciser les mesures qui ont été prises en 2007 en vue de remettre au travail les demandeurs d’emploi enregistrés comme « un métier lié à une fonction critique », sachant qu’ils ont un profil répondant à une fonction critique en Région bruxelloise ? (2)http://www.actiris.be/Observatoire/pdf/Fonctions_critiques_en_2006.pdf (3)Extrait de l’étude, avant-propos d’Eddy Courtheoux, directeur général d’Actiris (4) « Les professions répertoriées comme fonctions critiques se signalent par une durée d’ouverture relativement plus longue et un taux de satisfaction inférieur au taux de satisfaction de l’ensemble des offres reçues », extrait de l’étude « « Analyse des fonctions critiques en Région de Bruxelles de l’Observatoire bruxellois du Marché du travail et des Qualifications, année 2006 », page 1. (5) Classement établi à la page 7 de l’étude. (6) « Analyse des fonctions critiques en Région de Bruxelles de l’Observatoire bruxellois du Marché du travail et des Qualifications, année 2006 » page 1. (7) Au vu du manque de réponse, nous serons dans l’obligation de poser encore d’autres questions écrites.